Comment écrire une fiction ?
(et surtout : comment en venir à bout ?)
Voilà la grande question dont bon nombre d’auteurs se posent. On pense l'entreprise assez simple et, pourtant, il y a un énorme travail à fournir pour que votre histoire soit acceptable et appréciée du lectorat.
À travers cet article, je partagerai avec vous quelques outils qui, je l’espère, vous permettront de vous guider dans votre écriture.
~*~
Tout d’abord, il faut comprendre que chacun d'entre nous a sa propre méthode de travail ; cependant, il existe deux méthodes récurrentes dans le monde de l’écriture.
I – La méthode « Patchwork »Je vais d’abord vous parler de la méthode Patchwork. Comme son nom l’indique, l’histoire se construira sur un ensemble de
ramifications.
Il y a cette nuit où vous avez fait un drôle de rêve et une scène vous est restée en mémoire ; ou bien ce jour-là dans le métro où un événement quelconque vous a donné une toute petite idée à exploiter ; ou encore la visite chez votre famille qui vous rappelle sans cesse ces comédies que vous avez l’habitude de lire…
Bref, tous ces petits passages qui, pour l’instant, ne font pas une histoire complète, mais vous donnent envie de les écrire… Et bien je ne vous dirai qu’une seule chose :
écrivez ! Ne perdez surtout pas de temps à chercher le pourquoi du comment du qui et du où ; contentez-vous de mettre en mots ce que vos muses soufflent à vos petites oreilles. Que ce soit un paragraphe unique, un chapitre ou même une quinzaine de chapitres qui aboutissent à ce passage-ci, peu importe ! Que rien n’arrête vos doigts de retranscrire votre scène !
Ce n’est qu’après qu’il vous faudra réfléchir avec sérieux à votre histoire, en se basant sur ce que vous avez déjà produit, essayer de comprendre les tenants et aboutissants de ce que votre cerveau aura inventé, vérifier un lien ou en créer un pour que vos idées fonctionnent les unes avec les autres… Parfois, votre intrigue vous apparaîtra d’elle-même, elle se sera tout naturellement construite autour de ces idées confuses sans même que vous ne vous en rendiez compte ; parfois, il vous faudra réfléchir d'avantage, peut-être même lier d’autres bouts d’idées à celles que vous tenez en main. Il ne faut pas vous mentir à vous-même : avoir des idées ne suffit pas ! Mais cela peu très bien être une bonne base par laquelle commencer…
/!\ Attention /!\Je ne vous cache pas que cette méthode peut parfois vous poser problème et vous bloquer à un moment ou un autre. Il vous semblera difficile de poursuivre ou de trouver les idées manquantes qui lieront les bouts de tissu de votre patchwork. C’est pour cela que la rédaction de votre histoire dans son ensemble ne s’arrête pas seulement à la rédaction de ces petits passages.
II – La méthode « Chronologique »Pour ceux qui aiment travailler avec organisation, il y la méthode « Chronologique », souvent appréciée par les auteurs afin de ne pas perdre leur fil conducteur et éviter les incohérences. Le principe en est très simple : sur une feuille, décortiquez votre histoire et notez-la point par point, étape par étape, événement par événement… dans un ordre qui vous sera utile ! Utilisez soit un ordre de narration (selon ce que le lecteur découvrira au fur et à mesure de sa lecture), soit un ordre chronologique de toute l’histoire dans son ensemble, soit même vous pouvez superposer les deux afin de mieux gérer votre rédaction. Dans tous les cas, notez absolument toutes les péripéties que suivra votre personnage principal. Vous pouvez même commencer à aborder votre rédaction en découpant par chapitre votre récit. Ensuite, vous n’avez plus qu’à commencer à écrire.
~*~
D’accord, mais après ?Évidemment, pour faire un bon récit, écrire « seul » ne suffit absolument pas. Après vous avoir donné les deux méthodes principales de rédaction, je vais vous donner quelques conseils à appliquer pour venir à bout de votre récit.
1. Utilisez des fiches. Peu importe la méthode que vous utilisez, au bout d’un moment vous devrez obligatoirement passer par cette étape.
Ces fiches sont des sortes de mémos-techniques, afin de ne pas perdre des éléments qui pourraient être importants à votre histoire. Les plus classiques sont :
-
Fiche personnage : chaque détail d’un personnage (description physique, situation familiale/amicale, événement marquant qui le lie à l’intrigue principale) est à garder en mémoire durant toute votre rédaction. Si vous ajoutez des éléments au cours du récit, faites attention que cela concorde avec le reste et gardez-en une trace.
-
Fiche trame : sans que cela soit un élément chronologique dans son ensemble, parfois dès qu’une idée survient dans notre esprit, nous n’avons pas forcément le temps et/ou l’inspiration de l’écrire dans son ensemble. Cette fiche est une note à soi-même pour se rappeler ce que nous souhaitions y insérer ou comment nous voyions l’intrigue se développer à un temps T.
-
Fiche univers : que ce soit un univers inventé ou réel, vous accordez vos propres règles qui suivront votre histoire. Les marquer toutes vous aidera à ne jamais les oublier et, surtout, à ne pas créer d’incohérence.
-
Autre fiche : les autres fiches dépendent entièrement de vous, de votre histoire. Par exemple, je suis sûre que J.K. Rowling devait avoir une fiche qui retranscrivait toutes les phrases de sortilège quelque part, avec même, certainement, l'année d'apprentissage de telle ou telle technique.
Ceux qui utiliseront la méthode « Chronologique » les écriront probablement d’instinct avant de commencer leur rédaction. Pour la méthode « Patchwork », il n’est pas dérangeant de les écrire au fur et à mesure que vos idées surviennent. Mais gardez en tête qu’il vous faut sans cesse faire attention à la cohérence de ces mémos les uns avec les autres.
2. Savoir gérer son intrigue. À partir du moment où vous destinez votre récit à un lectorat, il vous faut bien comprendre que le lecteur n’est jamais dans votre tête. De ce fait, votre manière d’utiliser les mots et de développer votre intrigue est un point déterminant dans l’appréciation de la lecture.
D’un point de vue général, il est bon de doser convenablement narration et dialogue dans un récit. Trop de l’un ou de l’autre nuit à l’intérêt du récit.
Plusieurs éléments sont présents dans la narration qu’il vous faudra également prendre en compte :
- Lors d’un passage descriptif, je ne le redirai jamais assez mais le lecteur n’est pas dans votre tête. Il vous faut par conséquent être très clair dans vos descriptions, qu’elles soient de lieux ou de personnages. N’hésitez pas à écrire plusieurs versions de votre passage et à choisir celle qui vous semblera la plus adaptée tout en étant claire et concise.
- Lors d’un passage d’action : pour donner du punch à vos actions, il faut que vos phrases soient courtes et concises. Surtout, évitez de traîner en longueur, faisant perdre le mouvement d’action rapide et entraînante du passage.
- Introduisez vos dialogues de manière claire afin de ne pas perdre le lecteur et qu’il ne doive pas chercher à droite et à gauche pour savoir qui parle ; peu importe le moyen que vous utiliserez, faîtes juste en sorte que, si vous ne le précisez pas dans le dialogue-même, que la précision soit donnée dans la narration.
Pour que votre histoire intéresse les lecteurs, il faut montrer que vous gérer votre intrigue, que vous connaissez la fin de votre histoire et que chacun des éléments y conduit. De ce fait, je vais vous présenter un schéma classique de ce qu’il faut dans votre histoire : une idée introduite, une idée développée, une idée conclue (Note : même les fins ouvertes sont des idées conclues).
3. Relectures (avec un S, je précise !)
Cet élément-ci est l’un des plus importants pour un auteur et se déroule en plusieurs étapes :
- Tout d’abord, votre propre
relecture personnelle : vérifiez que vous avez bien transcrit toutes les idées que vous vouliez. Il vous faudra peut-être même relire une seconde fois pour en être sûr.
- Confiez votre récit à un
béta-lecteur de confiance. Attention : il ne suffit pas de le confier au premier venu, il vous faut quelqu’un de pertinent qui saura vous guider comme il se doit. Son job (car c’est un job à part entière) est de vous aider à améliorer votre texte. Pour cela, il doit vous signaler toute infime incohérence dans votre récit, tout élément qu’il ne trouve pas pertinent ou mal exploité, voire même trop tôt dévoilé par rapport au reste du récit. Par ailleurs, c’est aussi quelqu’un qui sera là pour tirer de vous la meilleure manière de formuler vos phrases : selon le lectorat visé, il vous dira clairement si le style utilisé est trop enfantin pour le sujet, trop banal, sans intérêt ou, au contraire, trop alambiqué. Là pour vous aider dans votre style de narration, il n’hésitera pas à vous faire reformuler de simples phrases pour en tirer le meilleur (parfois, simplement pour trouver une tournure plus jolie ou simplement plus adéquate avec des changements de mots pertinents et ainsi éviter les mots faciles tels que « être », « avoir » ou encore « faire », d’autres fois pour vous éviter quelques répétitions qui, je vous le rappelle, sont mal vu dans la langue française). Surtout, écoutez-le, ayez de longues discussions avec lui pour connaître les raisons qui l’ont ainsi fait réagir. Si jamais il vous conseille, à juste titre, de reprendre à zéro la narration de vos idées, encore une fois, écoutez-le, c’est qu’il a très nettement noté un problème, il n’est pas là pour vous embêter ou vous empêcher de finir votre histoire, bien au contraire. Sincèrement, je pense que le passage de ce béta-lecteur d’exception est la partie la plus dure de l’écriture d’un récit. Car ce n’est plus simplement vous, en tant qu’auteur, et vos idées, c’est maintenant vous et le lectorat qui devra vous suivre derrière. Ce béta-lecteur est un requin qui vous dévorera à la moindre occasion s'il n'y a ne serait-ce qu'un élément qui le dérange.
- Un seul béta-lecteur ne suffit pas, il vous faut d’
autres avis supplémentaires. Parfois aussi pointilleux que le premier, souvent beaucoup moins, mais quoiqu’il arrive, prenez en compte les avis de ces différentes personnes qui passent derrière vous (et, encore une fois, ce n’est pas à la portée de n’importe qui, même si beaucoup se proposent autour de vous, vous remarquerez très rapidement ceux qui se contentent de commenter brièvement votre travail et ceux qui prennent à cœur le fait de réellement vous aider. Vous le remarquerez quand, par exemple, vous aurez l’impression d’avoir plus de remarques de votre béta-lecteur que de pages de votre récit).
-
La correction. Étape indispensable pour avoir un texte dans un bon français. Le correcteur est là pour vérifier principalement la grammaire, l’orthographe, la syntaxe de vos phrases, la ponctuation, la mise en forme adéquate de votre texte en général... Mais tout comme le béta-lecteur, il devra aussi faire attention à ce que les mots que vous employez soient pertinents et en adéquation avec votre récit, mais aussi éviter les répétitions de termes dans des paragraphes trop rapprochés.
-
Relectures personnelles. Tout comme la première étape après le premier jet de rédaction de votre récit, il vous faudra continuellement vous relire, après chaque passage de correcteur/béta-lecteur. Parfois même, il vous faudra renvoyer votre texte entier ou seulement quelques passages pour vérification et ce, plusieurs fois. Avant de présenter votre texte à un éditeur ou pour une publication en ligne, il est conseillé de faire relire votre dernier jet, le plus corrigé, le plus « parfait » selon vous à ce premier béta-lecteur qui vous a usé jusqu’au bout pour sortir le meilleur de vous. Finissez par une dernière relecture, appréciez votre texte à sa juste valeur et présentez-le au reste des lecteurs.