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 MEJIANA & DETROIT : le temps est venu.

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3 participants
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v.d prin
Disciple indiscipliné/e



Messages : 37
Date d'inscription : 25/07/2015

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MessageSujet: MEJIANA & DETROIT : le temps est venu.    MEJIANA & DETROIT : le temps est venu.  EmptyLun 11 Jan - 13:44

Mejiana et Detroit

Le temps est venu.


Chapitre 1


Mejiana arrêta sa moto devant la maison de ses parents. Il poussa un soupir douloureux avant de descendre. La traversée de son quartier avait ravivé les souvenirs joyeux de son enfance et de son adolescence ; de ces moments passés en compagnie de son frère, Melianos, et de sa sœur Fleurine, ses jumeaux et qu’il avait essayé d’oublier pendant ses années d’exil.
Ses parents, qu’il avait eus au téléphone, ne se doutaient pas qu’il était si près d’eux. Ils avaient eu l’air heureux d’avoir de ses nouvelles, quand il leur avait parlé après plus de cinq années de silence. Ils lui avaient demandé de venir les retrouver, et il n’avait pas mis très longtemps avant de prendre sa décision, trop impatient de les serrer à nouveau contre son cœur. Il espérait que cela ne leur causerait pas de problème d’avoir la visite de leur fils homosexuel. C’est un peu à cause de ça aussi qu’il avait fui la meute et ses habitants.

Sa moto avait fait du bruit en arrivant, mais rien ne bougea derrière les vitres de la maison.
Il retira son casque, secoua sa chevelure — peut-être aurait-il dû se couper les cheveux avant de venir — et se dirigea vers l’entrée.
Il inspira encore et sonna.
Il entendit des pas s’approcher. Son cœur battait lourdement dans sa poitrine. Quand la porte s’ouvrit, il ne savait quelle contenance adopter.
Sa mère était enfin devant lui. Il la regarda comme un chien affamé. Elle n’avait pas changé durant ces cinq années, si ce n'est quelques rides en plus au coin de ses yeux verts et plus de mèches blanches dans ses cheveux bruns.  
— Mejiana ! souffla-t-elle en le voyant.
Elle eut une sorte de hoquet, des larmes apparurent et elle se jeta dans ses bras.
— Mon Mejiana, psalmodiait-t-elle.
Elle lui fit baisser la tête, elle avait bien dix centimètres de moins que lui, et l’embrassa partout sur le visage. Mejiana se laissa faire avant de rire.
— Maman, tu es en train de me débarbouiller, gémit-il.
Elle le relâcha et le regarda de bas en haut.
— Tu es magnifique, mon fils. Laisse-moi encore te débarbouiller, s’il te plait, supplia-t-elle en l’obligeant à redescendre le visage vers elle.
Mejiana allait protester après une ou deux minutes de ce traitement, mais il n’en eut pas besoin.
— Si tu me permets, entendit-il, j’aimerais, moi aussi, embrasser mon fils.
C’est son père qui les sépara. Mejiana lui ressemblait énormément. Prior était grand, puissant, un visage carré, mais pas dur, et surtout, ses yeux verts étaient toujours autant emplis de gentillesse et de compassion.
— Mejiana ! se contenta-t-il de dire en le contemplant.
— Papa, je…
— Tu es quoi, Mej ? Désolé de ne pas nous avoir donné de nouvelles pendant cinq ans, désolé de n’avoir pas pensé à notre douleur au moment de ton départ, désolé de nous avoir fait pleurer encore et encore…
Mejiana ne savait plus quoi répondre.
— Tu peux être désolé mon garçon, mais… je suis content que tu sois là !
Il lui agrippa les bras, le tira vers lui et le pressa contre son cœur.
Mejiana laissa ses propres larmes couler, quand il sentit son père trembler.
— Tu nous as manqué, murmura son père.
— Vous m’avez manqué aussi ! répéta Mejiana.
Ils restèrent ainsi quelques instants.
— Bien ! Entre ! ordonna Prior après l’avoir relâché.

Ses parents passèrent le seuil en premier et il les suivit jusque dans la pièce principale.
Elle n’avait pas beaucoup changé depuis son départ, si ce n’était les photos qui s’étaient rajoutées sur le meuble de la salle à manger. Il s’en approcha, irrésistiblement attiré par elles et les contempla. Il y avait celles où il se trouvait avec son frère, Melianos et Fleurine, entourés de leurs parents à différents stades de leur enfance. Et d’autres qu’il n’avait jamais vues. Des bébés, qu’il ne connaissait pas dans les bras de sa sœur. Il saisit entre ses mains, celle où Melianos et Fleurine regardaient les enfants, debout et qui semblaient essayer de marcher. Fleurine avait un sourire attendri, celui de Melianos était… triste. Il passa un doigt sur le visage de son frère. À cet instant, il savait qu’au moment de prendre cette photo, Melianos avait pensé à lui.

— Ils sont à Fleurine ? demanda-t-il en se tournant vers ses parents.
— Oui, deux petits en pleine santé. Ils ont deux ans maintenant.
— Des garçons ! constata-t-il.
— Oui, un petit Malinias et un Fredor.
Mejiana se mit à rire.
— Elle a suivi ta voie pour les prénoms bizarres, releva Mejiana en regardant sa mère.
Cette dernière opina, tandis que son père lui prenait la photo des mains pour la reposer.
— Viens t’asseoir, et raconte-nous un peu ce qu’il t’est arrivé durant toutes ces années. Mais avant, veux-tu manger ou boire quelque chose ?
— Une citronnade, maman, si tu en as. Elle m’a manqué !
Sa mère, tout heureuse, s’empressa de le satisfaire. Elle revint quelques instants plus tard, avec un plateau, les fameuses citronnades pour eux trois et des gâteaux.
Mejiana ferma les yeux en les dégustant. Il n’en avait plus mangé d’aussi bons depuis son départ.
— C’est délicieux, maman ! dit-il d’un ton gourmand.
— J’ai dû sentir que tu arrivais, car je les ai cuits ce matin.

Mejiana se pourlécha les lèvres tandis que ses yeux dérivèrent vers le meuble vidéo. Il y vit plusieurs disques du groupe qu’il formait avec Pat. Il se leva, et sans demander l’autorisation, mis le dernier en route, sur la chanson que Pat avait créée pour leur frère respectif.
— Vous aimez ? s’inquiéta-t-il alors que les premières notes s’égrenaient dans le salon.
— Oui, énormément, approuva son père. C’est Melianos qui nous les a fait découvrir.
— Vous ne regardez jamais les infos ou ce qui tourne sur internet ?
— Tu sais bien que nous écoutons les informations à la radio. Nous n’avons pas changé nos habitudes, répondit sa mère, curieuse de sa question.
— En fait, le musicien, c’est moi, leur révéla-t-il en espérant qu’à la radio ils n’aient pas parlé de leurs frasques.
— Quoi ? s’exclama son père.
— Oui, avec Pat, nous sommes les membres de ce groupe.
— Mais c’est fantastique, applaudit Emaliane. Vous êtes tellement bons que l’on vous envoie dans tous les pays faire des concerts qui sont tous pleins et…
Et Mejiana comprit qu’ils étaient en train de se souvenir. Pas de chance, la radio aussi relatait leurs exploits.
— Les journalistes déforment souvent la vérité, essaya-t-il d’expliquer.
— Vraiment ? dit son père sceptique. Alors, lorsqu’ils ont parlé de votre conduite à Budapest, c’était faux ? La police a fait une descente dans la suite que vous occupiez, après avoir reçu des plaintes des clients et de la direction qui n’arrivaient pas à vous faire sortir. Ils vous auraient trouvés en compagnie de plusieurs autres jeunes gens, tous nus, et dans des situations fâcheuses.
— Elles n’étaient pas si fâcheuses que ça, murmura Mejiana.
Ses parents le regardèrent en fronçant les sourcils et il eut la décence de rougir sous son hale.
— Nous nous sommes laissés un peu aller, ce soir-là. Nous avions eu un concert absolument géant, nous étions encore sous l’excitation de ce moment et bien sûr, nous…
— Ne rentre pas dans les détails, s’il te plait, le coupa Prior. Nous en avons eu assez comme ça. Donc, les journalistes n’avaient pas menti ?
Mejiana se dandina d’un pied sur l’autre. Il avait l’impression d’être redevenu un enfant.
— Pas vraiment, admit-il.
— Et en ce qui concerne la drogue ? continua son père. Ils parlaient que le chanteur était bizarre et qu’il devait avoir des problèmes avec ça. Vous vous droguez ? finit-il d’une voix cassante.
— Non, papa, je te le promets. Nous n’avons jamais touché à la drogue. Nous buvons un peu, quand nous faisons la fête, mais jamais de drogue. Pat était perturbé à ce moment-là.

Il leur expliqua rapidement les retrouvailles de Pat et de son âme sœur.
— Où est ton ami, à l’heure actuelle ?
— Dans une meute de Lynx. Ils acceptent les couples homosexuels. Pat a besoin de se retrouver au milieu d’autres métamorphes. Il est particulier. C’est un albinos et il a été rejeté par les siens. Son père est un monstre qui a essayé de le tuer quand il était enfant. Ensuite, le prince Stenouick a lui aussi tenté de s’en prendre à Pat avec la complicité de son père. Heureusement, Loriet, a réussi à déjouer leur plan.
— C’est quoi cette histoire ? Pourquoi Stenouick voudrait-il faire du mal ton ami ?
— Euh… il est un peu particulier, en fait…
— Qu’a-t-il de particulier ? Son albinisme ? questionna son père.
— Oui, mais il a autre chose qui le rend dangereux pour tout être surnaturel. Je suis désolé, mais je ne peux pas vous en parler… en plus, c’est gênant.
Ses parents se regardèrent, et malgré leur envie n’insistèrent pas.
— Très bien, donc pas de drogue, mais bien des orgies !
— Oui, papa, répondit Mejiana d’une petite voix.
— Il faut bien que jeunesse se passe, professa sa mère. Et puis, ils ne risquaient pas d’attraper quoi que ce soit. Je suis si contente que tu sois à nouveau avec nous. Fleurine va être si heureuse de te voir !
— Et Melianos ? demanda Mejiana.
Le silence de ses parents fut une réponse en soi.
— Il devra lui laisser le temps, Mej. Ton frère a été très perturbé par ton départ. Il te savait vivant, et n’a jamais compris pourquoi tu ne donnais pas de nouvelles. Nous non plus d’ailleurs. Ce n’est pas comme si nous t’avions jeté dehors.
— Je sais, admit Mejiana. Mais j’étais si mal à cette époque. Je désirais fuir tout ce que j’avais connu. J’avais l’impression que ma vie était finie. Et puis, j’ai rencontré Pat. Nous avons commencé à chanter et le succès est arrivé. Je voulais vous appeler, Pat n’arrêtait pas de me dire de le faire, mais plus le temps passait, moins j’avais le courage.
— Qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis, Mejiana ? demanda son père.
— J’ai appris que Detroit n’était pas mort, comme je le croyais. Il s’est marié et a eu des enfants. Je me suis rendu alors compte que j’avais été manipulé et aussi trahi par celui que je pensais être mon âme sœur. J’ai fui, car j’avais l’impression que plus rien ne m’attendait nulle part. Je voulais aussi vous protéger de ma déchéance au sein de notre meute. À ce moment-là, j’ai pensé à Fleurine et à Melianos et à tout ce qu’ils allaient endurer par ma faute à cause de mon homosexualité. En partant, je leur évitais d’être mis au ban de notre meute.

— Tu as surtout songé à toi, comme un sale égoïste que tu es, l’arrêta Melianos qui venait d’entrer dans le salon.
Melianos était la réplique parfaite de Mejiana. Grand, brun, le teint hâlé, le visage carré de leur père. Ses yeux verts, que Mejiana n’avait presque connus que souriants, étaient ce jour-là, brillants de colère et presque de haine.
Melianos regarda son frère, puis la table où était posé le plateau, et ensuite ses parents qu’ils n’avaient pas revus aussi heureux depuis le départ de Mejiana.
— Il revient, et vous l’accueillez comme si de rien n’était ! continua-t-il d’une voix mauvaise. Il nous a fait souffrir, nous a lâchement abandonnés, n’a jamais donné de nouvelles, mais voilà, aucun reproche ! Vous lui servez sa citronnade préférée et les gâteaux qu’il aime.
Mejiana se leva. Il pâlit en écoutant toute la rancune et la douleur contenues dans les propos de son frère.
— Melianos, je suis…
— Oui, moi aussi, de te voir ici. Repars donc d’où tu viens, nous étions très bien sans toi.
Mejiana nia de la tête. Il aurait voulu prendre son jumeau dans ses bras et lui demander pardon. Melianos le regarda méchamment, fit un pas en arrière, et sans dire un mot, s’enfuit. Ils l’entendirent monter les marches menant à l’étage et une porte claquer.

Mejiana se tourna vers ses parents, les larmes aux yeux.
— Vous pensez qu’il arrivera à me pardonner ? murmura-t-il, enfin conscient de toute la souffrance qu’il avait fait endurer aux siens.
Son père s’approcha de lui et le prit dans ses bras.
— Il lui faudra un peu de temps, mais oui, le rassura-t-il en l’embrassant sur la joue. Aujourd’hui, il fera comme si tu n’étais pas là, ou te balancera des trucs blessants. Demain, il ne te dira rien et après-demain, il reviendra vers toi. Il t’aime !
— J’espère que tu as raison, papa.
— Ton père sait ce qu’il dit, Mej, le rassura sa mère. Si tu t’en sens le courage, nous allons voir Fleurine.
— Elle…
— Elle sera heureuse de te voir. Elle a été elle aussi très malheureuse de ton départ, mais depuis qu’elle est maman, elle a compris beaucoup de choses, et a relativisé surtout qu’elle savait que tu étais vivant. C’est ce qui nous a fait tous tenir. Nous ignorions où tu étais, mais nous savions que tu étais toujours de ce monde.
— Et Christo l’a aidée, n’est-ce pas ?
— Christo est parfait pour elle, répondit sa mère en souriant. Il n’a jamais eu un mot de reproche à ton encontre. Il disait tout le temps qu’un jour tu reviendrais.
— Il me connaît bien, dommage que Melianos ne l’ait pas écouté.
— Vous n’aviez pas la même relation, Mej, lui rappela son père.
— Oui, je sais, admit Mejiana. Vous n’allez pas avoir de problème à cause de moi, j’espère ? demanda-t-il, inquiet d’apporter le malheur sur sa famille.
— Comme je te l’avais affirmé il y a cinq ans, avant que tu ne fuies, j’en fais mon affaire. Je mettrais au défi quiconque voudra te chasser. J’ai toujours été le plus fort de la meute, même maintenant. Si je l’avais souhaité, j’aurais depuis longtemps pu en être le chef. Mais, je préférais consacrer mon énergie à ma famille. Monsito le sait très bien, et à part quelques remarques désagréables, il ne fera rien contre nous. De plus, quand il apprendra qui tu es, il va ramper devant toi.
Mejiana se mit à rire.
— Je ne sais pas si j’ai envie de voir ça ! dit-il en grimaçant.
— Moi non plus, approuva son père.
— Nous y allons ? les interrompit Emaliane.
— Oui, j’ai hâte de la serrer dans mes bras, accepta Mejiana.
— Prior, tu nous accompagnes ?
— Non, je vais aller discuter un peu avec Melianos. Prenez votre temps.
— Papa, dis-lui que je l’aime ! demanda Mejiana avant de partir.
— Non, je ne lui dirai pas. Il devra le lui prouver, Mej.
Mejiana opina. Il comprenait.

Fleurine habitait à quelques minutes de la maison de ses parents. Elle avait épousé Christo, l’ami d’enfance, le confident et aussi le premier à avoir vu l’attirance que Mejiana avait eue pour Detroit.
Quand elle leur ouvrit la porte, elle resta quelques instants, hébétée à le fixer, puis sans prévenir, elle la referma sur eux.
— Maman ! s’exclama Mejiana.
— Attends, elle va revenir, le rassura sa mère.
Effectivement, elle n’avait pas fini sa phrase que Fleurine réapparut sur le seuil. Elle regarda rapidement sa mère, puis se jeta dans les bras de son frère en pleurant.
— Tu es enfin là ! se contenta-t-elle d’émettre.
Grande comme sa mère, elle lui fit aussi la tête pour l’embrasser.
À ce rythme, pensa Mejiana, attendri, je n’aurais même pas besoin de me laver ce soir.

— Mon Dieu, que tu es beau, s’exclama-t-elle en l’observant de bas en haut.
— Plus beau qu’avant ? demanda Mejiana en la détaillant également.
— Beaucoup plus, admit-elle.
— Et toi, tu es magnifique, Fleurine. Le mariage te va bien.
— Il n’y a pas que le mariage. Viens, que je te présente mes petits, l’entraîna-t-elle en lui prenant la main.
Ses enfants de deux ans étaient dans leur parc. Ils ressemblaient à leur père, Christo, avec leurs cheveux blonds et la petite fossette qu’ils avaient au-dessus du menton.
Les enfants, alertés par leur odorat que celui qui se tenait devant eux ressemblait à leur oncle Melianos, mais n’était pas lui, se mirent à feuler.
— Calmez-vous, les cajola leur mère en les sortant un par un du parc. C’est tonton Mejiana. C’est le frère de maman, comme tonton Melianos. Approche, Mejiana, je vais te présenter.
Mejiana s’approcha doucement des deux petits et leur présenta sa paume pour qu’ils s’imprègnent de son odeur. Les garçons, poussés par leur mère, passèrent leur petit visage au-dessus de la main et la reniflèrent. Quand ils furent persuadés que le grand monsieur n’était pas un danger, ils le regardèrent dans les yeux.
— Vous voyez, c’est tonton Mejiana. Il est très gentil. Vous ne le connaissez pas parce qu’il était parti depuis longtemps. Maintenant, il est rentré à la maison et j’espère qu’il va rester un peu avec nous, finit-elle en le regardant.
— Oui, je vais rester quelque temps pour apprendre à les connaître et pour refaire connaissance avec leur maman. Fleurine, ils sont magnifiques. Où est Christo ?
— Il est au bureau. Il a fini ses études de géomètre l’année dernière et a été embauché dès son diplôme obtenu. Il ne sera là que ce soir, vers dix-huit heures. Il sera si heureux de savoir que tu es enfin revenu.
Mejiana fut surpris quand il sentit l’un de ses neveux agripper son pantalon et tendre ses mains vers lui.
— Voilà, tu es adopté, Mejiana, approuva Emaliane.
Il se baissa et enleva délicatement le petit garçon dans ses bras. Il lui parut tout léger et si fragile. En prenant le second tout de suite après son frère, il ne put s’empêcher de rire. Il était heureux de ne pas être revenu trop tard pour les connaître et les voir grandir. C’est avec les deux petits sur ses genoux qu’il s’installa sur le canapé. Fleurine, attendrie, immortalisa cet instant en prenant une photo et c’est à ce moment-là que Melianos entra dans la maison de sa sœur.

— Eh bien, ici aussi, monsieur est accueilli comme un roi ! remarqua-t-il ironiquement.
— Mel, notre frère est là, soit heureux au lieu de faire la tête. Toi qui désespérais de ne jamais le revoir, essaya de le calmer Fleurine.
— Je me réjouirais que lorsqu’il reprendra sa moto et qu’il retournera d’où il vient. Il est hors de question de me mettre en quatre pour lui.
— Je serai obligé de repartir, Melianos, mais je ne resterai plus jamais sans donner de mes nouvelles et j’ai bien l’intention de vous rendre visite souvent, si personne ne me l’interdit.
— Si cela vous plaît de le croire, tant mieux pour vous, répondit Melianos sans regarder Mejiana, mais ne venez pas pleurer ensuite.
Il sortit de la maison en claquant la porte, faisant sursauter les petits.
Fleurine s’installa à côté de son frère, prit l’un de ses enfants sur ses genoux et saisit la main devenue libre de Mejiana.
— Il faut le comprendre. C’est lui qui a le plus souffert de ton absence. Vous étiez tellement proche l’un de l’autre. Avec moi aussi, mais nous n’avions pas cette complicité qui vous a toujours accompagnée dans votre vie.
— Je sais, et je comprends sa rancune. Je te remercie, Fleurine, de m’avoir accueilli.
— Tu es mon frère, et je t’aime. Mel va revenir vers toi, ne t’inquiète pas.  
Fleurine posa sa tête contre son épaule, respira son odeur et Mejiana ferma les yeux, laissant la connexion avec sa sœur se renouer et se remémorer la raison de son départ, cinq ans plus tôt.











Chapitre 2

Cinq ans plus tôt,

— Nous aurions été mieux avec Fleurine et Melianos ! grogna Mejiana.
— Chut, on va t’entendre, ordonna son ami Christo.
Mejiana haussa les épaules. Il se moquait bien qu’on l’entende. Il aurait aimé aller courir avec son frère, sa sœur et trois autres des jeunes de la meute, mais avait été obligé de rester sous ordre de son alpha, Monsito. Melianos avait échappé à cette corvée grâce à un pari qu’il avait gagné. Fils du second du clan, son frère ou lui devait assister à tous les rassemblements organisés par le clan. Christo, seul enfant du premier bêta, n’avait pas vraiment le choix, bien que lui aussi aurait tout donné pour être ailleurs.

Monsito recevait le chef de meute de la ville de Bâton Rouge, Janiras, avec qui il espérait faire des alliances. Le clan invité était l’un des plus puissant du pays, avec plus de deux cents membres à son actif. La meute possédait un ranch et, d’après ses informations, Mejiana savait qu’ils élevaient des chevaux, du bétail et cultivaient des terres. Janiras vivait sur place avec une dizaine d’autres couples, dont son second et ses bêtas, et les autres, dans les villes voisines. Le ranch était leur point de chute et ils se réunissaient tous environ une fois par mois.

La meute de Monsito était totalement différente. Ils étaient moins nombreux, à peine une centaine de membres, et ils étaient rassemblés dans le même quartier d’une ville moyenne du sud de la Californie. Aucun humain ne vivait parmi eux, ce qui leur permettait une très grande liberté. Leur quartier se terminait devant un immense champ qui donnait lui-même sur des bois. Une route à traverser, une course à travers les blés ou les maïs, et ils pouvaient alors s’ébattre en toute impunité. Leur sorcier avait entouré leur forêt d’un sort de protection contre les humains et aucun d’eux ne se risquait à y pénétrer. La totalité de l’ensemble faisait plus de cinq mille hectares ce qui leur laissait bien assez de place pour s’y défouler.

Mejiana reporta son attention sur leurs visiteurs qui venaient de descendre de gros 4X4. Ils étaient huit. Cinq adultes et quatre jeunes de leur âge.
Les adultes semblaient tristes et austères. Celui qui devait être leur chef avait dans la quarantaine. Il était moyennement grand, mais puissant et charismatique.
— Ils n’ont pas l’air très joyeux ! murmura son ami Christo. Par contre, ils sont beaux. Mâte la fille, elle est superbe. Tu pourrais peut-être…
— Chut ! leur ordonna Prior, le père de Mejiana.

Mejiana et Christo regardèrent attentivement les plus jeunes. Effectivement, la jeune femme était magnifique et, comme tous les félins, elle avait des yeux verts admirables. Mais ce qui retint l’attention de Mejiana, ce fut l’homme à côté d’elle. Il semblait écouter ce que disaient les plus âgés, mais, en réalité, ses yeux parcouraient l’assemblée comme s’il cherchait quelque chose ou quelqu’un. D’ailleurs, son attitude devait paraître étrange, car l’une des femmes, probablement sa mère, s’approcha et eut l’air de lui parler durement. Mejiana le fit se secouer, comme s’il sortait d’une transe, et lui répondre, en baissant la tête.  
Mejiana ne s’en rendait pas compte, mais il dévorait l’inconnu des yeux. Il n’était pas physiquement le plus bel homme qu’il ait vu, son nez était trop grand, son visage trop carré, mais il dégageait une puissance animale qui se répercuta directement dans son ventre, dans son cœur et sur son sexe.
Il avait déjà été attiré par de nombreux garçons depuis son adolescence, mais jamais l’un d’eux ne lui avait fait autant d’effet en si peu de temps. Il aurait voulu se frotter à lui, se gorger de son odeur, ronronner.

L’homme dut sentir son regard poser sur lui, car il accrocha ses yeux. La puissance de l’attraction qui se développa entre eux ne laissa aucun doute à Mejiana qu’il venait de rencontrer son âme sœur. Son tigre se mit à grogner de joie, se tendre comme avant un évènement important, et s’agiter d’impatience.
— Qu’est-ce qui t’arrive, Mej ? demanda Christo.
— Pourquoi ?
— Tu as l’air ailleurs. Tu connais ce type ?
Mejiana se força à quitter ces yeux verts envoûtants, et regarda Christo.
— Non !
Il se rendit compte alors que son attitude devait avoir dérouté son ami. Il chercha une explication rapide.
— Je pensais l’avoir déjà rencontré, mais je ne l’ai jamais vu, finalement.
Il ne pouvait avouer à Christo que l’homme aux yeux de braise était son alter ego et que s’il acceptait le lien qui semblait vouloir se nouer entre eux, ils formeraient un couple uni, indissociable tout au long de leur vie.

Mejiana, même s’il se sentait euphorique par sa rencontre avec son âme sœur, était également inquiet. Il n’était pas sans savoir que les homosexuels étaient pour les métamorphes la pire aberration existante en ce monde.

Les jeunes, hommes ou femmes, au-delà de leur appartenance à la meute, étaient là pour l’enrichir de nouveaux venus grâce aux alliances et aux naissances.
Les tigresses avaient une portée de deux ou trois petits au cours de leur vie. Elles se devaient donc de sélectionner un mâle puissant et fort, si elles n’avaient pas la chance de rencontrer leur âme sœur, afin que leurs enfants soient viables. Mejiana était lui-même le jumeau de sa sœur et de son frère.
Souvent au cours de leur première année, l’un des bébés mourait. Pour les anciens, c’était la nature qui faisait une sélection naturelle en ne conservant que les plus forts. Avec les moyens modernes, la mère de Mejiana, Emaliane avait décidé de garder tous ses petits en vie. Elle leur avait fourni des fortifiants dès la naissance et, lorsqu’elle se rendit compte que son lait ne suffirait jamais pour eux trois, elle leur avait donné du lait maternisé humain. Son mari, Prior, l’avait soutenue dans sa démarche et c’est lui qui ramenait ce qu’il fallait pour ses enfants quand il rentrait de ses déplacements. Il était commercial pour une société de vente de produits agricoles et pouvait, loin de leur ville, acheter ce dont il avait besoin sans avoir à se cacher. Que les triplés survivent avait interpelé leur chef et ses conseillers, mais ils n’avaient jamais réussi à prouver quoi que ce soit contre les parents.

Emaliane se sentait parfois coupable en apprenant le décès d’un bébé. Il aurait fallu si peu de chose pour que l’enfant survive. Mais elle savait également qu’elle risquait l’exil avec sa famille si elle osait parler de la manière dont elle était parvenue à maintenir ses trois petits en vie.
Elle ne comprenait pas le rejet de leur peuple pour tout ce que les humains avaient apporté de bon en ce monde. D’ailleurs, quand Emaliane avait senti le lien qui se tissait entre elle et Prior, elle ne lui avait pas caché qu’elle refuserait de laisser mourir un seul de ses enfants, si la nature lui accordait la faveur d’être mère, alors qu’il y avait des solutions pour les garder vivants.
Prior avait réfléchi quelques semaines car il voulait se conforter aux règles régissant leur peuple, mais il désirait la tigresse de tous les pores de sa peau. Quand il comprit que, pour lui, le principal était l’amour de cette femme, il accepta ses exigences et n’avait jamais remis en cause la promesse qu’il lui fit. À la naissance de ses petits, c’est sans aucune hésitation qu’il fit tout pour les préserver.
Prior et Emaliane étaient très fiers de leurs enfants, et n’avaient jamais regretté leurs actes.

Le jeune homme que Mejiana avait remarqué suivit les siens à l’intérieur de la salle communale où une réception avait été organisée. Lui-même, précédé de son ami, les rejoignit. La grande table avait été recouverte de mets plus appétissants les uns que les autres, mais qui ne donna même pas l’eau à la bouche de Mejiana. Il était trop concentré sur son futur compagnon.
— Arrête de le regarder comme ça, Mejiana ! l’exhorta Christo. J’ai l’impression que tu vas lui sauter dessus. Que t’a-t-il fait ?
Mejiana détourna enfin le regard sans répondre. Il espérait que son âme sœur avait elle aussi ressenti leur lien, mais, pour avoir la réponse, il allait devoir attendre et surtout se montrer prudent.  
— Mes amis, je suis heureux de vous présenter nos invités.

Ils apprirent que la jeune femme que Christo avait trouvée superbe se nommait Bérénice, et celui que Mejiana sentait comme son âme sœur, Detroit.
Bérénice ne quitta pas un instant Detroit, posant souvent sa main sur lui, comme pour s’assurer qu’il était toujours bien présent. Le jeune homme souriait, parlait, mais semblait comme absent. Après qu’ils se furent sustentés, Mejiana décida de s’approcher du jeune étranger.
— Salut, dit-il, le faisant sursauter.
Detroit se tourna vers lui.  
Ils restèrent à se fixer pendant quelques secondes, puis Detroit se détourna.
— Bonjour, murmura-t-il presque timidement.
— Je suis Mejiana, l’un des enfants du second de notre meute.
— Oh ! Je suis également le fils du second de notre meute et je m’appelle…
— Je sais comment tu te nommes, ton chef vient de le dire. Vous avez fait bon voyage ?
— Très bien, répondit-il en regardant autour de lui comme pour quémander de l’aide.
— Tu veux que je te laisse, peut-être ?
Il sembla réfléchir, puis inclina la tête.
— Je préférerais. Je suis fiancé à Bérénice. Notre mariage est prévu dès que nous rentrons chez nous.
— Oh ! fit Mejiana, déçu. Elle n’est pourtant pas ton âme sœur.
Detroit n’essaya même pas de nier l’affirmation de Mejiana.
— Nos familles désirent cette union, alors…
— Tu fais toujours ce que l’on te dit ?
— Oui, je n’ai pas…
— Pas besoin de me donner d’explications, Detroit, c’est ta vie. Une question : tu vas pouvoir continuer en sachant que tu as rencontré ton âme sœur et que tu ne pourras jamais être avec ?
Detroit prit une profonde inspiration, secoua la tête pour nier, et répondit rapidement.
— Je n’ai pas rencontré mon âme sœur, Mejiana !
— Tu mens ! affirma Mejiana. Tu as ressenti le lien, n’est-ce pas ?
— Non ! clama Detroit, attirant l’attention des autres. Laisse-moi, maintenant !  
Mejiana, conscient des regards sur eux, décida de ne pas insister, malgré son désir d’acculer Detroit pour lui faire admettre la vérité.
Il rejoignit Christo, qui n’avait cessé de les observer.

— Tu lui veux quoi à ce type ?
— Rien, maugréa Mejiana. Rien d’important.
— T’as envie que l’on se casse d’ici ?
— Oui ! approuva Mejiana. Allons retrouver Fleurine et Melianos.
Ils trouvèrent le frère et la sœur de Mejiana chez eux, en compagnie de plusieurs autres jeunes de leur clan qui avaient préféré jouer à des jeux vidéo et regarder des films plutôt que se rendre à une réception barbante.
Mejiana s’installa sur le canapé du salon, sans un mot. Melianos lui lança un regard avant de reprendre la partie de foot qu’il faisait avec un ami. Christo s’empressa de rejoindre Fleurine dans sa chambre. Elle était accompagnée de trois jeunes filles qui partirent dès l’entrée de Christo.
.
— Que se passe-t-il ? demanda Fleurine en le sentant tendu.
Christo regardait avec amour, celle qui lui était destinée. Les deux jeunes gens savaient depuis toujours qu’ils étaient faits l’un pour l’autre. Leurs âmes, leurs tigres s’étaient reconnus dès leur enfance. Ils avaient consommé leur union, voilà déjà trois ans, avec l’aval de leurs parents. Ils ne vivaient pas encore ensemble. Christo voulait d’abord finir ses études de géomètre et trouver un emploi. Fleurine était elle-même étudiante, et si tout allait bien, pour eux deux, dans moins d’un an, ils pourraient enfin s’installer chez eux. D’ailleurs, les parents de Fleurine et ceux de Christo avaient acheté une vieille bicoque pour le jeune couple, qu’ils retapaient lorsqu’ils avaient le temps.  
— Ton frère est bizarre ! annonça-t-il.
Elle le rejoignit près de la porte et il la serra contre lui.
— Pourquoi ?
— Il a rencontré…
— Son âme sœur ! s’exclama-t-elle joyeuse.
— J’espère que non, parce que cela voudrait signifier qu’il est gay.
— Quoi ?
— C’est un type qui le rend étrange. Un mec qui arrive de Bâton rouge. Un jeune, dans nos âges. Mejiana n’a cessé de le regarder le temps que l’on était dans la salle commune, ensuite il est allé lui parler. Je ne sais pas ce qu’ils se sont dit, mais, en tout cas, ton frère avait l’air bouleversé par la suite.
— Oh, mince ! s’écria Fleurine. Tu penses qu’il a reconnu en lui…
— Par tout ce que je crois sur terre, je souhaite que non, la fit taire Christo. Tu imagines si… personne ne les acceptera jamais. Mejiana risque même d’être mis à mort par notre chef.
— Je ne veux pas ! s’exclama Fleurine, les larmes aux yeux.
— Chut, ma belle, la câlina Christo, nous allons faire en sorte que cela n’arrive pas. Nous empêcherons Mejiana de le revoir d’ici leur départ. Ils devraient quitter notre clan dans trois jours. Avec un peu de chance…
— Mais s’il est son âme sœur…
— Alors la vie de ton frère sera moins drôle parce que jamais il ne pourra le revendiquer, mais il sera vivant. Il pourra même se marier avec une femme, lui faire un petit et oublier. Nous pouvons l’aider, et nous allons l’aider. Il faut juste qu’il ne le revoie pas.
— Nous devons le dire à Melianos.
— Je pense que ton frère est déjà au courant. Tu sais comment ils sont tous les deux.
— Oui, approuva tristement Fleurine, qui avait toujours eu l’impression d’être mise un peu à l’écart quand ses deux frères étaient ensemble.
— Ils t’aiment, n’en doute pas, mais ils ont tous les deux une relation symbiotique, la rassura Christo.
— Je sais, admit Fleurine. Où est-il ?
— En bas, avec Melianos.
— Allons les rejoindre, dit-elle en se dégageant des bras de son fiancé.
— Je dors avec toi ce soir, murmura-t-il à son oreille alors qu’ils redescendaient à l’étage inférieur.
— J’y compte bien, approuva Fleurine, un doux sourire aux lèvres.

En arrivant dans le salon, ils constatèrent que leurs amis avaient quitté la maison. Mejiana et Melianos étaient étendus sur le canapé. Melianos tenait son frère serré contre lui, face à face, et il lui parlait doucement. Fleurine ne voyait pas le visage de celui-ci, mais elle était certaine qu’il pleurait. Quand Melianos la vit entrer, il se repoussa le plus possible contre le dos du sofa, entraîna avec lui Mejiana et elle put s’allonger derrière ce dernier. Le bras de Melianos quitta le corps de Mejiana et vint entourer la taille de sa sœur afin de la tenir. Fleurine passa le sien au-dessus de Mejiana et se tint à Melianos. Serrés ainsi les uns contre les autres, ils laissèrent le silence de la maison les apaiser alors que Christo s’installait en face d’eux, dans un fauteuil sans rien dire. La magie de leur connexion les enveloppa, consolant la peine de Mejiana et l’angoisse de son frère et de sa sœur, devant une situation qu’aucun des trois ne comprenait.

Ils restèrent comme cela pendant plus d’une heure, et c’est l’arrivée de leurs parents qui les fit se séparer. Emaliane et Prior ne posèrent aucune question en les trouvant ainsi. Ils savaient pour l’avoir vécu un nombre incalculable de fois que leurs enfants raconteraient en temps voulu pourquoi ils avaient l’air si bouleversé.
Tandis que Fleurine retournait dans sa chambre avec Christo, Mejiana et Melianos rejoignirent celle de ce dernier.

— Nous trouverons une solution, Mej, chuchota Melianos, tandis que son frère se serrait à nouveau contre lui.
— Il ne veut pas de moi ! haleta Mejiana.
— Il n’a pas le droit de vouloir de toi, nuance. Il doit avoir peur, et il est fiancé. Mais je suis certain qu’il ne pourra pas te laisser. Vous êtes prédestinés. De toute manière, quoi qu’il se passe, n’oublie pas que nous sommes avec toi, Mejiana.
— Merci, Mel… j’avais peur en arrivant que tu ne comprennes pas. J’ai moi-même du mal à saisir pourquoi le destin me donne cet homme, mais je ne veux pas lui tourner le dos.
Melianos se mit à rire.
— Mej, tu n’as jamais eu de petites amies sérieuses et les seuls posters que tu accroches dans ta chambre sont des photos de mecs. Évidemment que le destin allait t’offrir un mâle.
Mejiana poussa un soupir.
— Je pensais que personne n’y avait fait attention, marmonna-t-il.
— T’inquiète, personne n’est au courant à part moi. Même Fleurine ne se doutait de rien.
— Tu ne m’en as jamais parlé…
— J’attendais que tu fasses le premier pas, Mej. Je ne voulais pas te gêner ou te mettre la pression. Je m’en fous de savoir qui tu aimes, du moment que tu es heureux. Comme pour Fleurine, je ne souhaite que du bonheur pour vous deux.
— Merci, Melianos.
— Ne me remercie pas, Mej. Je t’aime.
Mejiana sourit contre le torse de son frère.
— Je t’aime aussi.

Mejiana n’avait jamais révélé à quiconque ses envies pour les sexes d’hommes. Il savait trop bien ce qui arrivait à ceux qui étaient contre nature. Les métamorphes n’acceptaient pas l’homosexualité. Ceux qui transgressaient étaient soit exilés, soit tout simplement abattus sans autre forme de procès. Contrairement à ce qu’avait affirmé Christo à Fleurine, la meute de Mejiana ne pratiquait pas les exécutions, mais chassait sans remords ceux qui avouaient leur penchant. Ces derniers se retrouvaient alors obligés de vivre parmi les humains sans possibilité un jour de pouvoir intégrer un autre clan. La plupart ne le supportaient pas, et mourraient une année après leur départ. Ceux qui arrivaient à survivre ne le devaient qu’à une seule chose : leur rencontre avec des métamorphes exilés comme eux. Ils restaient en petits groupes, pour ne pas attirer l’attention des humains, et se recréaient une meute de huit, dix individus.

Mejiana ne voulait pas quitter ses parents, son frère et sa sœur. Il avait toujours refusé d’avoir des relations avec des garçons, même s’il avait souvent reçu des propositions depuis qu’il était à l’université. Il avait peur de ne plus pouvoir s’en passer. Il avait couché avec quelques filles de sa meute, pour ne pas être différent des autres. Tant que les jeunes n’avaient pas rencontré leur âme sœur, ils pouvaient faire ce qu’ils voulaient. Lorsque le lien était établi, il était très mal vu de tromper sa compagne ou son compagnon. Les métamorphes tigres n’étaient pas comme les loups, qui, une fois unis, ne pouvaient plus avoir de relations avec personne d’autre.
La fidélité n’était pas inscrite dans leurs gènes, mais était tout de même recommandée. Les tigres pouvaient être excessivement jaloux et très cruels, mortellement cruels, si l’on marchait sur leurs plates-bandes.

Le lendemain, Melianos, Fleurine et Christo firent tout pour que Mejiana ne croise pas la route de Detroit. Et ils y réussirent jusqu’au soir. Ils avaient décidé de se rendre dans une boîte de nuit, et Mejiana était heureux de pouvoir se défouler sur une piste de danse. Il avait pensé à son âme sœur toute la journée et était reconnaissant aux siens de ne pas l’avoir laissé seul. Il aurait été capable d’aller le retrouver. Malheureusement, quelques jeunes gens de leur meute avaient eu la même idée et ils avaient demandé à Detroit et à sa fiancée de les accompagner. Lorsque Mejiana entra dans la boîte de nuit, il le sentit immédiatement. Il descendit les marches qui menaient à la salle principale, le cœur battant à un rythme aussi soutenu que celui que déchargeaient les enceintes stéréo. Il n’eut pas besoin de le chercher. Il se trouvait juste à la descente des escaliers. Il ne faisait aucun doute que Detroit l’avait également senti arriver, car il semblait l’attendre. Ils plongèrent les yeux dans les yeux, et restèrent ainsi quelques instants et c’est Detroit qui détourna les siens le premier. Quand ils se frôlèrent, un délicieux frisson parcourut le corps de Mejiana. Sans doute possible, il savait que son âme sœur avait ressenti la même chose. C’est avec une certaine méchanceté qu’il se réjouit de savoir que Detroit devait souffrir autant que lui de la distance qui les séparait. Et pour bien enfoncer le clou, il se laissa happer par une jeune femme brune qui l’entraîna dans un slow langoureux et sensuel. Il sentit le regard de l’autre métamorphe sur eux durant toute leur danse. Mejiana en rajouta en embrassant sa compagne sur les lèvres tout en la serrant contre lui avec force.

Un bras autour de sa taille, il rejoignit son frère et sa sœur installés à une table, avec ceux de leur meute, dont Detroit et sa fiancée.
— Ne fais rien qui va contre ta nature profonde, Mej, murmura Melianos à son oreille quand il s’installa près de lui.
— Et que veux-tu que je fasse d’autre ? répondit Mejiana sur le même ton. Demander à Detroit de venir danser avec moi et finir en lui roulant un patin.
Melianos se mit à rire.
— Je n’irais pas aussi loin, mais cette fille, tu ne la désires même pas.
Mejiana se tourna vers sa compagne en conversation avec sa sœur. Elle était belle, mais son frère avait raison, il ne ressentait rien pour elle.
— Qu’est-ce que je peux faire ? soupira-t-il.
— Je ne sais pas, Mej, mais coucher avec elle ou une autre, ce n’est pas bon.
— Et couchez avec un mec c’est…
— Si c’est ce qui te rend heureux, Mej, vas-y. Je suis même prêt à te couvrir.
Mejiana regarda son frère complètement stupéfait.
— Tu serais prêt à…
— Oui ! répondit-il avant qu’il ne finisse sa phrase.
— Oh ! Merci ! dit-il quelques instants plus tard.
Melianos tapota son dos.

La jeune femme lui tira alors la main pour le ramener sur la piste de danse. En riant, il se laissa faire. Ils furent suivis par les autres, et même Detroit et sa fiancée les accompagnèrent en souriant. Ils dansèrent environ un quart d’heure sur des sons pop quand une espèce de cacophonie hard rock sortit des enceintes. Les filles se dépêchèrent de quitter la piste de danse lorsque les garçons commencèrent à se cogner les uns contre les autres sans s’occuper de savoir s’ils se faisaient mal. Les quelques humains, devant la virulence des mouvements des jeunes tigres, s’empressèrent de regagner leur place également. Il ne resta alors que les cinq mâles de la meute et Detroit.
Ce dernier après s’être bousculé aux autres, se dirigea en sautant vers Mejiana qui eut juste le temps de se préparer à l’impact. Leurs deux torses se rencontrèrent avec une violence pas encore atteinte depuis le début de la « danse ». Mejiana agrippa les bras de son âme sœur et le poussa fortement vers l’arrière. Detroit trébucha, mais ne tomba pas. Il revint à la charge. Mejiana s’y attendait. Il ne le laissa pas le toucher et, encore une fois, il le repoussa. Detroit semblait comme possédé, furieux. Melianos voulut intervenir, mais Detroit se tourna vers lui en grognant. Un son dangereux, menaçant que comprirent très bien les métamorphes. Les humains s’étaient approchés autour de la piste, sans y entrer, regardant avec une sorte de fascination ces hommes dont la violence montait crescendo. Le feulement de Detroit leur donna des frissons de terreur.

Detroit se détourna de Melianos pour se diriger à nouveau sur Mejiana. Ce dernier savait que s’il ne faisait rien, le tigre de Detroit allait prendre le contrôle. Il ressentait sa douleur et ses doutes. D’un mouvement que ne put anticiper Detroit, il le saisit par la tête et la colla contre son torse. À ce moment-là, le DJ décida d’arrêter cette musique qui semblait mettre ces jeunes dans tous leurs états. Elle se fit plus douce, plus tendre. Les lumières se tamisèrent.
Mejiana ne lâcha pas Detroit, qui après s’être débattu pour quitter l’étau de ses bras, eut l’air de se détendre. Discrètement, sous le regard de son frère, il l'entraîna hors de la boîte de nuit. Sa fiancée voulut les suivre, mais Fleurine la dissuada.

— Je dois aller voir ce qu’il a, dit-elle d’une voix inquiète.
— Mejiana s’en occupe. Il est toujours aussi… violent ? demanda Fleurine.
— Non ! s’exclama Bérénice. C’est la première fois que je le voie ainsi. Depuis que nous sommes arrivés dans votre meute, il est complètement différent. Il n’a jamais été comme tout le monde, mais là c’est encore pire. Je ne sais pas ce qu’il a, il ne me dit rien.
— Vous vous connaissez depuis longtemps, j’imagine ? continua Fleurine, qui voulait faire oublier à la jeune femme son envie de suivre son fiancé.
— Depuis notre enfance. Nous devons nous unir à la fin de l’été et nous installer dans notre meute. Detroit ira à l’université de Bâton Rouge pour terminer ses cours de droit, il n’a plus que trois années à faire et moi je m’occuperais de notre maison.
— Tu ne vas pas à l’université ? s’étonna Fleurine, qui avait réussi à la faire asseoir.
— Non, ça ne m’a jamais attiré les études. J’ai envie d’un foyer et d’enfants. Je ne suis pas comme toutes ces filles qui désirent leur indépendance, finit-elle, en prenant un air gêné.
— Il n’y a pas de mal à ça, tu sais. Chacun doit pouvoir faire ce qu’il veut vraiment.
Melianos les rejoignit après s’être assuré que Mejiana ne risquait rien avec l’autre métamorphe.
— Ça va aller, dit-il en souriant pour rassurer Bérénice.
— Ils sont…
— Ils sont dehors, l’interrompit-il. Ils discutent. Mon frère réussira à le calmer.
— Il semblait tellement furieux, continua Bérénice en frissonnant.
— Ça va s’arranger ? Allez, viens ! Je t’invite à danser, proposa Melianos en lui tendant la main.
Bérénice le suivit.
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v.d prin
Disciple indiscipliné/e



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MessageSujet: Re: MEJIANA & DETROIT : le temps est venu.    MEJIANA & DETROIT : le temps est venu.  EmptyLun 11 Jan - 13:44

je mets le chapitre trois tout à l'heure.
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pestouille
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MessageSujet: Re: MEJIANA & DETROIT : le temps est venu.    MEJIANA & DETROIT : le temps est venu.  EmptyLun 11 Jan - 15:43

Génial de retrouver Mejiana. Tu nous mets encore l'eau à la bouche.....Allez la suite!!!!!
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Ansuli
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MessageSujet: Re: MEJIANA & DETROIT : le temps est venu.    MEJIANA & DETROIT : le temps est venu.  EmptyMar 12 Jan - 0:00

Jooo trop génial de lire la suite de Pat et Syrvian, c'est superrr de lire enfinn l'histoire de Mejiana, merciii Vd
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