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 01 - Chapitre 1

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Shali-Virescent
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Shali-Virescent


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Localisation : Gardanne

01 - Chapitre 1 Empty
MessageSujet: 01 - Chapitre 1   01 - Chapitre 1 EmptyMar 1 Sep - 21:53


Chapitre 1



[Attention, version brute en cours de bêta-lecture]

Si les fils avaient craint quelques instants la réaction de leur génitrice, ils avaient été grandement rassurés quand celle-ci avait attrapé le nourrisson pour lui faire prendre un bon bain chaud et le nourrir. Dix neuf ans s'étaient écoulés depuis.

Neige, ainsi avait-il été nommé à cause de sa peau pale et de ses cheveux blancs, était un jeune homme travailleur et bien élevé, à la silhouette élancée et agréable. Il portait ses cheveux longs et coiffés en une lourde tresse. Ses yeux bordés de cils blancs étaient d'un rose clair. Pour Granny, il était un petit ange tombé du ciel malgré les colères qu'il avait pu avoir.

Il rentrait de chez Victor, l'aîné de ses pères. Ces derniers possédaient un commerce de planches en bois fleurissant et réputé et ce, depuis plusieurs années. De constitution faible, Neige avait alors appris à faire les comptes et il s'était révélé très doué. Bien plus que ses cousins qui préféraient le travail manuel.

Le clocher venait de sonner none en cet après-midi estival. Sous le couvert des arbres, il faisait frais et Neige pouvait remonter le chemin le menant à la chaumière familiale sans risquer de mourir de chaud. Evelyne, la femme de Victor, avait préparé une tourte et l'avait emballé dans le panier que le jeune homme trimbalait en fredonnant.

Quand il arriverait au croisement, il prendrait à droite et, en marchant encore un peu, il serait à la clairière où se cachait la maison. Une vieille demeure en bois avec un étage et des combes où il avait sa chambre. Elle avait été construite par le père de son grand-père. Il avait lui-même coupé et façonné ses planches et c'était cela qui avait fait sa réputation. Au départ, ce n'était que quelques commandes par-ci par-là mais depuis que Victor et ses frères avaient repris le commerce, il était devenu florissant. Et Neige était fier de pouvoir aider sa famille. Bien sûr, il savait qu'il avait été trouvé et adopté. Il ne ressemblait à aucun membre de la fratrie mais tous l'aimaient comme leur fils et cela lui suffisait.

Il fronça des sourcils quand, arrivant au croisement, il entendit des bruits de sabots. Un cheval venait par ici et son allure était vive. Trop vive pour une si petite route de forêt. Il eut à peine le temps de se pousser qu'un étalon à la rose isabelle lui coupa la route au triple galop.

« Non mais vous ne pouvez pas faire attention ? » s'écria-t-il en manquant de tomber.

Il écarquilla les yeux alors que l'animal hennissait. Son cavalier était incliné vers l'arrière, en une position anormale. Neige lui courut après en appelant le cheval mais ce dernier galopait trop vite. Et ce qui devait arriver arriva : l'animal glissa sur les pierres et s'écrasa au sol dans un bruit sourd. L'homme en scelle fut propulsé et roula sur le chemin. L'animal piaffa de douleur tandis que Neige se précipitait vers eux. Il s'arrêta, essoufflé.

Posant son panier au sol, il s'avança vers l'étalon pour voir comment il allait.

« Tout doux, mon beau, là... je ne vais pas te faire de mal. »

Il tendit la main et murmura des mots avec calme et patience tandis que l'animal essayait de se remettre debout avec difficulté. Neige attrapa les rênes et aida la pauvre bête.

« Tu as l'air d'avoir mal à la patte, déplora-t-il. Mais ne t'inquiète pas, je vais t'aider. Reste sage, je vais voir ton maître. »

Il flatta l'encolure de l'animal pour le rassurer et le tira derrière lui, le faisant boiter, jusqu'au cavalier.

« Hey ho ? Tu vas bien ? »

Il s'agenouilla et le retourna sur le dos. L'homme saignait au niveau de la tempe. Neige appuya un peu partout et il le vit grimacer. Le garçon s'arrêta au niveau de la jambe droite et se figea de stupeur : il n'y avait rien sous le genou. Rien d'autre que du tissu arraché, une ceinture en cuir et quelques coupures. Neige resta perplexe mais un gémissement du cavalier le rappela à l'ordre.

« Ne bouge pas ! Je vais chercher de l'aide. »

Il se redressa et caressa l'étalon.

« Reste près de ton maître, mon beau, je reviens vite. »

Le cheval semblait s'être calmé et baissa sa lourde tête contre celle de son maître. Neige fit volte-face et courut aussi vite qu'il put pour retourner à la chaumière. Il héla sa grand-mère et Till tout en préparant Ting. Il leur expliqua hâtivement le souci et ils harnachèrent le vieux hongre au chariot. Quand ils arrivèrent près du blessé, ce dernier n'avait pas bougé ni son cheval.

« Aide-moi, papa, nous allons le mettre dans le chariot. Granny, tu peux t'occuper de cette pauvre bête ?
— Bien sûr, mon chéri. »

La vieille dame attrapa les rênes et tira l'animal pour l'attacher au bois.

« Je crois qu'il s'est foulé une patte, déplora-t-elle en tâtant avec douceur l'endroit qui saignait légèrement.
— Je pense aussi, ajouta Neige en aidant Till à mettre l'inconscient dans le chariot. Papa Paul pourra venir voir ça, tu crois ?
— Nous irons le prévenir et je pense qu'il va falloir prendre soin de ceci également ! »

La grand-mère désigna un étrange objet accroché à la scelle. Du haut du chariot, Neige se pencha et découvrit une fausse jambe abîmée. Il tourna les yeux vers le blessé puis sur la prothèse où une des ceintures avait été arrachée et les deux autres cassées.

« Tout a été abîmé quand il est tombé...
— Nous verrons cela après », conclut Granny tandis que Till finissait d'installer le blessé.

Ils reprirent alors le chemin inverse et, une fois à la maison, ils couchèrent l'inconnu sur le lourd canapé. Granny partit préparer une décoction et Neige, après avoir déposé la prothèse sur la table, s'occupa de nettoyer le visage de l'homme notamment au niveau de sa plaie. Till était dans la grange à soigner sommairement l'étalon avec patience le temps que Paul soit prévenu.
« Il n'est pas de Verteronce », souffla Neige en glissant un linge humide sur la peau tirée par la douleur.

L'étranger était vêtu pour la chasse et les tissus étaient d'excellentes factures. Un riche noble sans doute, pensa Neige. Petit à petit, il révéla des traits tendus mais il pouvait dire que l'homme n'était pas moche comme le Godain, le fils du meunier. Il avait la mâchoire carrée, ce qui devait lui donner une certaine autorité naturelle. Son nez était long, sa pointe projetée en avant. Ses pommettes n'étaient pas si marquées que ça mais lui donnaient du charme. Il se demanda de quelle couleur pouvait être ses yeux dont les bords étaient frangés de cils noirs. Avec des cheveux courts aussi sombres, ils ne pouvaient être que marron ?

« Fais-lui boire ceci, mon enfant. »

Granny revenait près de lui avec un gobelet en terre cuite. Avec précaution, Neige fit ingurgiter la mixture à l'inconscient puis il le recoucha en reposant doucement sa tête dans l'oreiller.

« Avec de la chance, il se réveillera dans la soirée, souffla la femme.
— Et au pire des cas ? Il ne reprendra connaissance que plus tard ?
— Oui. »

Neige soupira, soulagé. Il tourna les yeux sur l'homme allongé et sourit. Il le trouvait beau.

« Je vais veiller sur lui un petit moment. »

Granny se pencha sur son petit-fils et déposa un baiser sur le haut de sa tête.

« Entendu. Mais n'oublie pas tes corvées. »

Neige fit la grimace avant de rire doucement. Il tira le lourd fauteuil et l'approcha du canapé. Il posa une couverture sur le patient avant d'oser glisser le bout de ses doigts sur la joue de ce dernier.

« Tout ira bien. »

Il s'assit et ouvrit le gros livre qu'il laissait toujours sur la table. Il aimait lire. Il avait dévoré tous les ouvrages chez John, le libraire du village. Les gens le prenaient pour un garçon étrange et pas seulement à cause de son physique mais Neige s'en moquait. Sa famille l'aimait et il les aimait. Il sourit et commença sa lecture là où il l'avait arrêté.
oOo

Avec Granny, il lui avait donné à nouveau une décoction avant le repas et il s'était occupé de ses corvées mais le malade n'avait ni ouvert les yeux, ni montré de signe de rétablissement. Neige l'avait veillé une partie de la nuit avant de s'endormir sur le fauteuil.
Au petit matin, alors que le clocher du village que l'on entendait au loin sonnait prime, il se leva pour aller ramasser les œufs dans le poulailler. Granny et Till n'étaient pas là, sans doute étaient-ils partis chercher Paul afin qu'il s'occupe du cheval ? pensa-t-il en ramassant les précieux aliments puis il retourna dans la maison.

Ce fut un gémissement qui le sortit de ses pensées alors qu'il préparait une omelette aux pommes de terre avec des lardons. Fronçant les sourcils, il s'essuya les mains sur son tablier et s'approcha du bruit. Cela venait du salon. L'inconnu ?

« Tu es réveillé ? »

Il s'arrêta auprès du canapé et glissa une main sur le front du malade.

« Tu n'as plus de fièvre », souffla-t-il.

Ce fut à ce moment-là que l'homme ouvrit les yeux. Neige sourit. Il avait eu tord sur leur couleur : ils étaient d'un bleu saisissant.

« Je m'appelle Neige, reprit le garçon d'une voix calme. Et tu es chez nous. Tu te rappelles de quoi ?
— Je chassai... »

Sa voix était légèrement rauque et il s'éclaircit la gorge avant de reprendre.

« Tempête a pris peur pour je ne sais quelle raison et il s'est affolé. Où est mon cheval ?
— Ne t'en fais pas, il est dans notre grange, sourit Neige avec douceur. Mon père doit venir l'ausculter, nous croyons qu'il s'est foulé la patte arrière droite.
- Je dois aller le voir, grogna l'inconnu en tentant de se redresser.
— Reste allongé, tu as pris un sacré coup sur la tête, le gronda son camarade en le repoussant doucement sur le canapé. Nous nous occupons de ta monture. »

Le noble se laissa recoucher et soupira bruyamment de mécontentement mais son garde-malade n'avait pas tord. Il avait mal à la tête et il se sentait courbaturé. Sans doute que l'inconfort du canapé dont il sentait les lattes en bois à travers la paille y était pour quelque chose... Il se frotta le visage en fermant les yeux mais les rouvrit d'un coup, la panique le gagnant. Il se redressa trop vivement, ce qui lui valut un haut le cœur, mais il inspira et fixa sa jambe, les yeux écarquillés.

« Elle a été abîmée dans ta chute, souffla Neige avant de montrer la prothèse appuyée contre le mur non loin. Les sangles ont été arrachées mais sinon, elle a l'air bien.
— Tu... me l'as enlevé ?
— Non, tu es tombé et elle est restée sur le cheval. »

Neige tendit la main et lui caressa la joue, le faisant sursauter.

« Tu t'appelles comment ? »

Le cavalier posa le regard sur Neige et le regarda avec attention. Il le détailla silencieusement en partant de la courbe hexagonale de son visage avec ses traits anguleux mais doux et ses pommette saillantes. Au milieu de cette jolie tête se trouvait un nez rond en trompette donnant un air malicieux  à l'ensemble. Des yeux bordés de cils blancs et d'une couleur peu courante qu'il n'arrivait pas à définir, rendirent tout chose le blessé. Tout cela encadré d'une chevelure blanche comme... la neige, pensa-t-il, longue et qui semblait douce au touché.

« All..., commença-t-il par dire avant de se reprendre. Albert.
— Enchanté, Albert. Reste allongé ici, je vais finir le déjeuner et nous le prendrons ensemble. Granny et papa Till devraient bientôt revenir avec Paul, mon autre père. »

Albert cligna des yeux en le regardant se lever et se remettre à bouger. Il ne comprenait pas vraiment mais qu'importe, il se sentait encore fatigué.

« Albert... c'est pas une bonne idée », se murmura-t-il à lui-même.

Il se rallongea et glissa un bras en travers de son visage. Il écoutait avec attention chaque bruit venant d'à côté, là où Neige s'affairait. Cela commençait à sentir bon. Il finit par scruter les lieux. La masure était ancienne mais bien entretenue. Il était dans la pièce principale – le salon – avec sa grande cheminée et son mobilier sommaire. Plus loin, il y avait une immense table faite dans un tronc avec des bancs. On pouvait y loger au moins quinze personnes, se dit-il. Et juste derrière, il pouvait entrevoir Neige en train de finir de cuisiner. La longue natte de ce dernier lui battait les reins et Albert en fut hypnotisé. Le garçon était mignon, pensa-t-il, malgré son étrange apparence. Il avait déjà entendu parlé de ces gens, les albinos, à la peau pale et aux cheveux blancs mais il n'en avait jamais vu. Du bruit le coupa dans ses pensées et il vit arriver trois autres personnes.

« Granny ! Papas! s'exclama Neige en sortant la grosse omelette de sa poêle.
— Bonjour, fils ! Hum ça sent bon.
— Paul vient de regarder l'étalon, souffla la vieille femme en embrassant son petit-fils.
— Tempête ? Comment va-t-il ? s'enquit-il.
— Comment connais-tu son nom ? s'étonna la dame.
— Albert est réveillé. »

Granny fut agréablement surprise et contourna la lourde table pour aller voir leur invité. Ce dernier découvrit un petit bout de femme aux cheveux gris remontés en un chignon proprement réalisé. Ses traits bien que ridés restaient agréables et ses yeux conservaient leur jeunesse. Elle s'approcha de lui et posa une main sur son front.

« Ta fièvre est passée, dit-elle avec sérieux. Et je suis heureuse que ta blessure ne soit pas plus grave. Ce peut être très dangereux, le vieux Harold est mort ainsi : un gros coup sur la tête.
— Je vous remercie, grand-mère, mais je ne voudrais pas abuser de ton hospitalité...
— Oh non, tu vas rester avec nous pour le petit déjeuner et de toute façon, ton cheval ne peut pas marcher alors... nous devrons te ramener chez toi. »

Albert se raidit. Il avait fui le château pour une partie de chasse en solitaire ; il étouffait là-bas. Il recherchait la simplicité et le calme. Loin de Catherine et de sa mère. Surtout de Catherine, adorable jeune fille mais envahissante.

Il regarda la vieille dame retourner auprès de son petit-fils et les deux se mirent à discuter et rire. Petit à petit, Albert se détendit. C'était agréable finalement et personne ne le jugerait ici ? Personne ne le connaissait. Il pouvait être... Albert. Il expira doucement en se laissant aller. Il devrait malgré tout prévenir Damian. Ce dernier s'inquiétait pour un rien le concernant alors Albert n'imaginait même pas l'état d'anxiété de son ami.

« Te sens-tu capable de venir à table avec nous ?
— Pardon ? »

Il releva la tête et revint à la réalité. Neige était penché sur lui, arborant un visage détendu et souriant.

« Je te demandai si tu te sentais capable de t'installer à table avec nous, je t'aiderai à marcher. »

Albert passa de Neige à la table où deux hommes venaient de s'installer puis revint sur Neige. Il n'aimait pas qu'on le prenne en pitié à cause de son handicap mais là, il dut avouer que ce ne serait pas de refus. Une seule jambe pour marcher ne serait-ce qu'un mètre était impossible.

« Je peux essayer.
— Entendu. »

Neige se déplaça et l'aida à se mettre assis avant de glisser un bras sous ses bras pour le mettre debout. Albert était plus lourd que le jeune homme mais ils réussirent à rejoindre les autres. Neige vint s'installer à sa place à côté de lui tandis que Granny découpait l'omelette et les servait.

« Voici Till et Paul, deux de mes pères, sourit Neige en présentant les deux hommes à Albert avant de se pencher un peu plus pour lui murmurer. Till est un peu étrange alors ne fais pas attention. »

Il serra la main tendue par Paul puis regarda les deux hommes. Deux de ses pères ? Il tourna les yeux vers Neige et se demanda bien ce qu'il avait voulu dire.

« J'ai été adopté par Granny et ses sept fils, souffla son hôte.
— Oh... »

Albert ne savait pas quoi répondre. Lui n'avait ni frère ni sœur alors de là à imaginer une si grande famille. D'adoption qui plus est. Il comprenait mieux la taille de la table...

« Comment te sens-tu mon garçon ? demanda Paul en coupant le pain.
— Je crois que je vais encore avoir mal au crâne pendant un moment mais ça a l'air d'aller, merci.
— Allons, mange à ta faim et tu verras, cela ira encore mieux, sourit Granny en déposant une assiette devant lui. »

Lui qui était habitué à une autre vie se sentit un peu déconcerté. Jamais il ne petit-déjeunait d'omelette le matin alors il regarda l'aliment avec un peu de méfiance mais il finit par goûter et apprécia la sensation. C'était un peu baveux mais les pommes de terre étaient délicieusement fondantes. Aussi mangea-t-il avec faim sous le regard amusé de Paul et Granny.

« Je ne suis pas palefrenier ou spécialiste mais ton étalon ne pourra pas bouger avant longtemps, finit par dire Paul avec sérieux. J'ai essayé de lui bander au mieux sa patte droite mais il devra rester au repos un moment, plusieurs mois je pense. »

Albert releva la tête vers lui et le fixa avec surprise.

« Je ne pourrai pas le ramener au château de Gus-du seigneur Gustave ? J'y travaille...
— C'est possible mais je pense que cela abîmerait davantage son membre. »
Paul regarda Neige et Granny puis sourit à Albert.
« Tu peux le laisser ici le temps de sa convalescence ? Neige est un bon garçon, il s'occupera bien de lui et tu pourras venir le voir quand tu le souhaites si tu es à Fresne ? »

Albert baissa les yeux dans son assiette pour réfléchir. Laisser Tempête ici alors qu'il avait tant à faire ailleurs que chez Gustave ? Il ne pouvait pas leur dire la vérité... Il expira doucement. Il aimait trop Tempête pour lui causer plus de dommages.

« Entendu, je vous ferai parvenir de quoi le nourrir.
— Oh nous avons...
— Non, j'y tiens, coupa Albert en levant la main façon seigneur. Mais il faudrait que je prévienne quelqu'un à Fresne pour venir me chercher. A moins que vous n'ayez un cheval à me prêter ?
— Nous avons bien le vieux Ting mais il n'aime pas vraiment les étrangers.
— Moi, je peux y aller ? proposa Neige en se redressant. Je connais le chemin jusqu'à Fresne, ce n'est pas si loin. »

Tout le monde le regarda avec hésitation. Granny et Paul parce qu'ils n'aimaient pas le voir aller si loin de la maison, Albert parce qu'avec son apparence, il risquait des soucis... A Fresne, on n'aimait pas vraiment les gens différents mais c'était sa seule solution.

« Si tes pères et ta grand-mère le veulent bien...
— Granny, papa Paul, s'il vous plaît ! les supplia Neige. Vous dites toujours qu'il faut aider les autres...
— Hm... Ne rentre pas trop tard et je ne veux pas que tu t'arrêtes en chemin, le sermonna Granny.
— Promis ! Je partirai après mes corvées du matin. »

Neige offrit un sourire radieux à Albert et ce dernier se sentit tout chose. Ses joues rosirent légèrement et il détourna le regard pour ne pas laisser voir sa gêne.
oOo

Quand tu arriveras à Fresne, va directement à la caserne à côté du pont et demande le capitaine Kerson. Damian Kerson. C'est un grand gaillard, lui avait précisé Albert.

Il était parti finalement après le repas de midi. Sa grand-mère avait préféré qu'il termine ses corvées et finisse d'aider Till à réparer le toit. Donc après deux heures de trajet, Neige était à présent devant les portes de la ville de Fresne. De portes il n'était en fait question que d'un pont au-dessus du fleuve. Une petite cahute avait été érigée de part et d'autre de la rive et des soldats y étaient stationnés. Il descendit de son cheval et le prit par les rênes.

« Allez, Neige, c'est toi qui t'es proposé ! »

Il revissa sa casquette sur sa tête. Albert lui avait conseillé de cacher ses cheveux. Granny lui avait alors prêté le couvre-chef de son grand-père.

Il traversa le pont et s'arrêta pour regarder devant lui. Fresne était une ville de taille moyenne à ce qu'on disait. Les maisons étaient jolies et basses aux abords et hautes d'un voir deux étages parfois quand on se rapprochait du château du seigneur Gustave. Ce dernier gérait le comté de Chambaud au nom du roi Stephan. C'était un homme soucieux du bien-être de ses administrés, à ce qu'on disait. Neige n'avait jamais entendu parler d'abus sur les différents impôts et les villageois de Verteronce vivaient paisiblement.

« Dégage de là, petit ! grogna un soldat alors qu'il s'approchait de ce qui ressemblait à la caserne.
— Hm ? Oh pardon... je... je cherche le capitaine Kerson », souffla timidement Neige.

Le militaire le regarda des pieds à la tête et Neige se sentit gêné. Il n'avait pas l'habitude qu'on l'inspecte de la sorte, enfin plus depuis qu'il avait six ans. Un sourire goguenard se dessina sur les lèvres du sergent et il désigna un bâtiment un peu plus loin.

« Il doit être là-bas.
— Merci. »

Neige ne comprit pas pourquoi le soldat riait ainsi mais il attacha Ting à un poteau et alla trouver le capitaine. Il frappa à la porte et manqua de tomber quand un colosse lui ouvrit la porte. Il se sentit tout petit devant Damian Kerson. Bien bâti, il faisait deux têtes de plus que Neige avec de larges épaules et des bras puissants. Il portait des cheveux châtains décoiffés. Des tâches de rousseur parsemés sont visage carré. C'était un militaire, un homme d'expérience.

« C'est pour quoi ? » grogna-t-il de mauvaise humeur.

Neige avala de travers, se tassa légèrement et osa parler.

« Capitaine Kerson ? Je viens de la part d'Albert.
— Albert... Albert ?
— Oui, Albert. Il chassait dans notre forêt avec son cheval, Tempête, et... »

Il hoqueta de peur quand Damian posa ses larges mains sur ses épaules pour lui demander précipitamment :

« Où est-il ? Est-ce qu'il va bien ?
— Ça... ça va. Il est chez ma grand-mère, nous l'avons soigné, murmura Neige d'une voix tremblante. »

Le capitaine sembla se rendre compte qu'il effrayait le gamin car il le lâcha et se recula de deux pas. Cela rassura un peu le garçon qui se mit à jouer nerveusement avec le bas de sa chemise.

« Allons entre et raconte-moi tout ça ! » l'invita Damian avec un sourire.

Il lui fit signe de pénétrer dans le bâtiment. Neige hésita mais obtempéra finalement. C'était une pièce unique avec un canapé d'un côté sous la fenêtre et la cuisine de l'autre. Il y avait un escalier menant à la chambre près de la fenêtre. Une table en bois massif et quatre chaises étaient également présents comme pour séparer les deux. Ils s'y installèrent et Neige, bien qu'intimidé, reprit son récit. Damian lui offrit un verre d'eau ainsi qu'une tranche de pain bien moelleux et l'écouta avec attention. Une fois terminé, un silence plana. Neige but quelques gorgées.

« Hum... Va falloir qu'on aille le chercher alors, annonça Damian en se tapotant le menton. Si Tempête ne peut pas bouger alors nous le laisserons chez toi, ce sera le mieux. Al... y tient beaucoup.
— Si vous voulez, nous pouvons y aller ? Ma maison n'est pas si loin.
— Je fais sceller les chevaux et je te suis. »
Le gradé se leva et vint se placer près de Neige. Il lui tapota doucement l'épaule.
« Tu es un gentil garçon, tu me ramènes ma brebis égarée ! rit-il.
— Votre... brebis ?
— Al est... il est un de mes hommes mais il n'est pas très prudent.
— Ça, c'est certain, sourit Neige avec un peu plus d'assurance. Galoper comme ça dans la forêt est dangereux.
— Allons chercher cette petite brebis ! »

Damian rit avec entrain et invita son jeune camarade à le suivre. Neige qui n'était jamais venu à Fresne se plut à épier chaque recoin. Il y avait beaucoup de monde, des soldats principalement. Ils passèrent devant la forge où l'artisan tapait sur le métal avec son marteau, laissant une traînée d'étincelles éclairer l'endroit. De jeunes recrues s'entraînaient à l'arc et d'autres à l'épée. C'était la première fois qu'il voyait un tel camp.

« Vous êtes le capitaine de tout ça ? osa-t-il demander.
— Non, rit Damian. Ceux-là ne sont que des jeunots. Il leur faudra du temps avant d'être au niveau de mes hommes.
— Oh... »

Neige regardait cela d'un air émerveillé. On ne l'avait jamais autorisé à toucher une arme. Granny et Victor préféraient l'armer de mots. Ils arrivèrent dans les écuries et Damian fit signe à deux garçons de préparer les chevaux et à un troisième, il murmura quelque chose.

« J'ai mon propre cheval, sourit Neige alors qu'on lui offrait les rênes d'une jument à la robe isabelle.
— Bien ! Alors nous n'allons pas tarder. »

Neige courut dans la cour pour reprendre les rênes de Ting. Le vieux percheron était en train de brouter l'herbe verte au pied du muret. Il mit pied à l'étrier et une fois en scelle, retrouva le capitaine déjà monté sur un magnifique étalon alezan brûlé aussi imposant que son cavalier. Derrière lui, la jument isabelle qu'on lui avait proposé renâcler paisiblement.

Le dernier garçon d'écurie arriva en courant. Il tenait dans ses bras un long paquet. Neige fit une moue curieuse en se demandant de quoi il pouvait bien s'agir.

« Tu m'as dit qu'il avait abîmé sa prothèse, non ?
— Oui.
— Alors elle lui sera utile. »

Damian partit au galop après avoir accroché l'objet à sa scelle et Neige le suivit à une allure plus modérée. Le capitaine s'en aperçut et se mit au pas. Tout en chevauchant, le jeune homme se détendit petit à petit, oubliant la première impression de frayeur qu'il avait ressenti en rencontrant le grand gaillard. Il découvrit un homme simple et jovial mais très impliqué dans son travail. Un homme respectueux et travailleur qui menait ses soldats à la perfection. Enfin, c'était ce qu'il lui semblait.

Ils se arrivèrent devant la chaumière où ils furent accueillis par Granny et Victor venu voir sa mère et le « petit » comme il appelait affectueusement Neige. Le capitaine les salua avec courtoisie et il fut amené près d'Albert recouché sur le canapé. A sa vue, le jeune homme se tendit nerveusement.

« Hey, Albert ! Mauvaise chute ?
— Damian... c'est bon...
— Sois plus respectueux avec ton capitaine, se moqua le gaillard en s'approchant de lui. Alors, ça va ?
— Grâce à ces gens, oui. »

Damian lui tapota l'épaule avec affection. Ce fut à ce moment-là que Neige entra avec la seconde prothèse. Il la posa avec précaution près des deux hommes.

« Merci pour l'attention, sourit Albert.
— Pas de souci. Bon, nous n'allons pas abuser davantage de votre hospitalité, décréta-t-il en se redressant. Je ramène ce garçon à Fresne.
— Je laisse Tempête ici, souffla Albert en s'asseyant. Il ne pourra pas bouger avant un moment et Granny et Neige s'en occuperont. »

Le soldat le regarda avec surprise : Granny et Neige ? Albert ne parlait que rarement des gens en les appelant par leur prénom. Un sourire amusé ourla ses lèvres tandis qu'il attrapait la prothèse.

« Je te laisse t'équiper. »

Il lui tendit la jambe et sortit pour discuter avec Victor et Granny par rapport à Tempête.

« Il est... intimidant, souffla Neige en venant s'asseoir à côté d'Albert.
— Qui ? Damian ? rit-il. J'étais tellement effrayé quand je l'ai rencontré la première fois que j'ai refusé de quitter ma chambre mais j'ai appris à le connaître et je lui confierai ma vie les yeux fermés.
— Il a l'air d'être quelqu'un de bien.
— Le meilleur des hommes », sourit tendrement Albert.

Neige pouffa doucement de rire et Albert rougit de gêne. Ce dernier tendit le bras et attrapa la jambe. Il jeta un regard à Neige et ce dernier lui sourit.

« Pourrais-tu... te tourner ?
— Hm ? Oh... oh oui. Oui. »

Neige devint cramoisi. Il était si curieux de voir comment Albert mettrait sa jambe qu'il n'avait pas pensé que c'était peut-être quelque chose à faire seul. Ou qu'il n'avait juste pas envie de montrer son handicap ? Neige avait déjà vu un moignon. Le vieux boulanger portait le sien sans le cacher et ce n'était pas bien joli. Il osa un rapide coup d’œil mais ne vit rien qu'autre que le pantalon replié et Albert fixer la large pièce de cuir puis les sangles autour de sa cuisse. Une fois paré de sa prothèse, Albert soupira et Neige lui proposa son aide pour se mettre debout.

« Je... n'ai pas l'habitude de demander de l'aide, avoua Albert mal à l'aise.
— Pourquoi ? Il n'y a pas de honte.
— Tu ne comprends pas... je ne peux pas me permettre de me montrer ainsi... aussi...
— Faible ? Il te manque une jambe et alors ? Le vieux Merric a un bras en moins. Il n'a pas de faux bras pour l'aider mais personne ne le juge et il fait du merveilleux travail dans sa boulangerie. »

Albert leva les yeux sur lui, abasourdi par une si vive réaction. Pourtant Neige lui souriait et lui tendait les bras.

« est-ce que l'on t'a déjà dit que tu étais un garçon étrange... ?
— J'ai l'habitude, dit-il en haussant les épaules. »

Il l'aida à se mettre debout et garda ses mains serrées sur ses coudes le temps qu'il s'assure sur ses deux pieds. Albert fit un pas en avant et ne fut qu'à quelques centimètres du jeune homme. Il faisait une tête de plus que lui. Albert était grand, pas autant que Damian mais suffisamment pour dépasser son père. Il pouvait sentir le souffle du garçon et sourit à la couleur des yeux.

« Tu as de jolis yeux rosés, murmura-t-il.
— De quoi ? »
Neige rougit à son tour, sa peau pale prenant des couleurs rapidement. Il finit par faire un pas en arrière.
« Allons, ton ami doit attendre... »

Il se détacha mais resta près d'Albert – pour le cas où... – et une fois dehors, Damian approcha la jument du porche afin qu'Albert monte en scelle. Cette dernière n'était pas adaptée à son handicap mais ils feraient peu de route alors cela ferait illusion. Le capitaine remercia la famille et mit pied à l'étrier. Il se plaça près de son jeune camarade.

« Tu es prêt ?
— Oui. »

Albert se tourna vers ceux qui l'avaient hébergé et aidé. Il leur sourit.

« Je pense revenir dans un jour ou deux, leur annonça-t-il.
— Granny sera sans doute absente mais moi, je serai là ! avoua Neige avec un sourire.
— Bien. Et encore merci pour votre hospitalité et votre aide. Qui sait ce que je serai devenu, rit-il avant de se prendre un coup de la part de Damian. Bien, alors à la prochaine fois. »

Les deux cavaliers mirent leurs chevaux au trot et Neige les suivit sur quelques mètres, leur promettant de prendre soin de Tempête.
Arrivés au croisement, Damian perdit le sourire et jeta à Albert un regard noir. Le jeune homme l'ignora complètement.

« Tu es trop téméraire, Allistair ! grogna le capitaine.
— Et toi, tu n'es ni ma mère, ni mon père.
— Non, juste le capitaine de ta garde personnelle, ton Altesse le prince imprudent !
— Je m'appelle Albert, chuchota-t-il.
— Oui mais juste dans cette clairière. »

Albert – ou Allistair car tel était son vrai prénom – se tendit nerveusement. Il serra les mains sur le pommeau de la scelle et finit par mettre sa monture au galop. Il ne voulait pas penser à tout ça. Il avait apprécié ce temps auprès de Neige et de sa famille. Il avait oublié son statut, sa fiancée, tout. Et il avait adoré. Adoré être avec Neige. C'était si simple comme vie.
A suivre...
   
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